Déjà 6 mois que j’ai emménagé en Californie dans la baie de San Francisco.

Depuis mon arrivée en mars, il s’est passé bien des choses : j’ai du m’adapter à ma nouvelle vie californienne, j’ai parcouru à pied tout San Francisco, j’ai exploré la baie et fait des voyages extraordinaires à travers le pays avec mon mari et mes amis, j’ai trouvé un premier travail et j’ai fait de nombreuses nouvelles connaissances…parmi tant d’autres choses.

L’heure du premier bilan a sonné !

 

Les choses auxquelles je ne suis toujours pas habituée :

 

  • montrer ma pièce d’identité à chaque fois que je veux boire ou acheter de l’alcool. #relou
  • les unités de mesures américaines. On dirait qu’elles ont été inventées exprès pour vous embrouiller l’esprit.

D’une part les miles, les inch, les pouces… pour les distances et les tailles.
Hello les USA, vous êtes les seuls au monde à ne pas avoir adopté le système métrique, mais pourquoi ??? (cri du coeur).

D’autres part, les pounds, ounce, oz, et autre floz incompréhensibles… pour le poids et les volumes. Du coup, sans table de conversion, c’est mission impossible pour réaliser une recette française.

Ah et puis bien sûr, et j’allais oublier ces chers fahrenheits…

  • les pièces de centimes américaines.

Mis à part les quarter (25 cents), je ne fais toujours pas la différence entre les petites pièces de monnaie américaines (dime, 5 cents, 1 cent). Du coup, je paie toujours en billets ou par carte bleue, c’est plus simple que de faire l’appoint.

  • ces foutus tips, pour tout et partout.

Je n’ai toujours pas saisi la subtilité du « tiping » (donner un pourboire). Les pourboires sont en effet différents (en pourcentage) selon que l’on soit au restaurant, au bar, à la manucure, au starbucks … J’essaie quand même ne pas trop faire « ma française » (oui, nous avons une réputation de radin) et je « tipe »  toujours à hauteur de 20%. Tip Calculator sur mon IPhone est devenu un réflexe mon sauveur quotidien.

  • le manque d’intimité des toilettes.

Dans les endroits publics comme privées, les toilettes sont souvent construites sur le même modèle : des portes en bois entourant une cuvette, avec des espaces – qui m’apparaissent – béants entre les jointures. Du coup, elles laissent peu de place à l’imagination et manquent totalement d’intimité. On peut quasiment entendre la personne d’à côté respirer et … plus encore hélas !

  • le coût de la vie et surtout le prix EXHORBITANT des loyers dans la baie.

C’est un sujet récurrent dans toutes les discussions des habitants de la baie. 30% de hausse de loyer en un an à Berkeley, c’est sûr que ça fait mal. Et puis le moindre achat se compte en unité de $2 minimum (pour les produits alimentaires) ou $100 pour le reste. Voilà. Cela se paie de vivre dans l’un des plus beaux endroits du monde.

  • les trop nombreux clochards et drogués dans les rues de SF et de Berkeley. Cela m’attriste et me fends le coeur, surtout quand il s’agit de personnes âgées.

 

  • les pubs et la vacuité de la télé américaine.

Des milliers de chaînes, une mauvaise qualité d’image, rien à voir et un matraquage incessant de pubs toutes les 2mn. Cela me rend folle, du coup j’ai arrêté de regarder la télé.
HBO Go et Netflix nous permettent de satisfaire notre désir de séries et films illimités.

  • le grignotage incessant.

Grosse différence culturelle. Les américains sont capables de boire et manger n’importe où et à toute heure de la journée : dans le bart, au cinéma, dans l’avion, dans la rue, pendant la manucure, en voiture, au bureau, etc. C’est limite un « super pouvoir », et cela m’étonne toujours autant à chaque fois.

  • la complexité du système américain.

J’aurai l’occasion de vous en reparler dans un autre article, mais qu’il s’agisse du système bancaire (le fameux credit score), des taxes, ou de la santé, c’est difficile pour les étrangers de comprendre comment tout cela fonctionne. Pour une partie des américains aussi je crois.

 

Les choses dont j’aurai du mal désormais à me passer :

 

  • le soleil, le soleil, le soleil !
  • la vue sur la baie tous les matins dans le BART !
  • la nature extraordinaire de la baie : l’océan, les plages, les forêts de cyprès ou de séquoias, les écureuils et les daims sauvages, les paysages et vues extraordinaires offerts par San Francisco, les parcs naturels de la région …
  • les compliments gratuits et désintéressés des américains dans la rue quand mon style leur plaît (cela arrive souvent !).
  • la politesse et le respect des règles : personne ne bouscule personne dans le bart, tout le monde fait gentiment la queue en attendant son tour dans les transports en communs et dans la vie quotidienne. Pas besoin de se battre, ni de s’énerver. Les gens sont civilisés ET courtois.
  • l’optimisme général ambiant. ici on profite de la vie, on se focalise sur ce qui fait du bien et on ne s’attarde pas sur le négatif. Pas de plaintes, pas de râleries, on va de l’avant…et cela fait un bien fou.

 

Ce qui a changé :

 

  • je connais mes tailles US. Halléluia !
  • je me suis convertie au yoga, et accessoirement au yoga pant.
  • je ne m’appelle plus Camille mais « Ka-mi-le ».
  • je sais commander à emporter désormais.

Avant de vous moquer, sachez bien que les Etats-Unis c’est LE pays du « choix à volonté » et pour chaque burrito, sandwich,  salade ou autres plats commandés, il y a 10 milles options à choisir : quel type de pain ? quelle sauce ? quels ingrédients supplémentaires ? quelle taille ? quelle cuisson ?  …

Les questions n’en finissent plus et s’enchaînent rapidement, me laissant souvent un peu hébétée et abrutie. Au début, je finissais par dire oui à tout en désespoir de cause. Maintenant, je maîtrise la situation et ne me laisse plus prendre au dépourvu par une question inattendue !

  • Plus sérieusement, j’ai également changé d’état d’esprit.

Maintenant que j’ai sauté le pas et tout quitté derrière moi, je vie beaucoup plus au jour le jour. J’apprends tous les jours à perdre le contrôle et à me confronter à de nouvelles situations… Être expatriée c’est accepter de se laisser surprendre par la vie et de ne pas savoir de quoi demain sera fait.

C’est parfois difficile à vivre.
Je me rend compte ce que c’est que d’être étranger dans un pays, de la difficulté d’être définie et considérée uniquement sous le prisme d’un statut de visa, de devoir repartir de zéro et de vivre constamment dans le court terme sans pouvoir se projeter durablement.

Laisser derrière soi ses amis, ses proches, c’est dur. C’est accepter de vivre à distance et de manquer tous les moments importants de leurs vies, d’être là mais de loin, comme un fantôme.
C’est vivre isolé dans un premier temps, quand on ne connaît encore pas grand monde, et se confronter à de nouveaux codes de vies et usages.

Malgré tout c’est aussi très euphorisant et « empowering » (stimulant).
Je me surprend à rêver à ce que pourrait devenir ma vie, je reconsidère mes aspirations personnelles et professionnelles. Est-ce l’effet « Etats-Unis » ? Ou est-ce parce que j’étais trop obnubilée par mon travail, la crise et le pessimiste ambiant à Paris?  En tout cas ici je me sens (un peu) plus libérée et sereine, et surtout plus confiante en l’avenir. Tout semble ouvert et possible devant moi, même si ce n’est peut-être qu’une illusion.

Seul l’avenir nous le dira.

Voilà pour mon premier bilan, de fraîche expatriée française. Prochaine introspection prévue dans 6 mois.

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